Avec Maurice Lugassy

C’est en 1948 que l’Etat d’Israël acquiert son indépendance et s’empare de l’outil cinématographique pour soutenir le sionisme – mouvement national du peuple juif qui constitue alors 75 % de la population d’Israël. Le réalisme sioniste, largement inspiré du réalisme soviétique, a pour vocation d’offrir un contenu éducatif… que l’on pourra rapidement soupçonner, tout comme le réalisme soviétique, d’être finalement de la propagande. Dans les années 60, un mouvement plus typé Nouvelle vague française se détachera progressivement de ce réalisme didactique pour davantage développer une démarche esthétique avant de s’inscrire, dès les années 70, au sein d’un mouvement de contestation sociale, allant même jusqu’à parodier le cinéma sioniste des premiers âges de l’industrie israélienne et se jouer des stéréotypes tel que le juif séraphin, l’arabe israélien ou le palestinien. C’est un résumé très elliptique de ce que le cinéma israélien nous offre depuis 1948 et je vous invite pour une plongée plus conséquente à braver les 3h30 d’entretiens menés par Raphael Nadjar pour son documentaire, “Une histoire du cinéma israélien”. Néanmoins, pour ce qui est de l’ici et maintenant, il vous suffit – cher.es auditeurices – de rester branché.es sur La Midinale et d’écouter mon invité du jour, j’ai nommé Maurice Lugassy, président de l’association Hebraica à l’initiative du Printemps du cinéma israélien sur Toulouse et alentours !


En 2016, décède l’actrice et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz, a seulement 51 ans – elle était le visage du paysage cinématographique contemporain, concentrant un archétype de femme forte, portant à l’image les problématiques du féminisme et du patriarcat qui brûle d’actualité partout dans le monde. On va terminer cette émission avec ces mots, lors de cet entretien, où elle évoque les énergies qui traversent le cinéma d’un pays dont elle fut elle-même une des représentantes : « Je pense que le jour viendra – le jour où nous vivrons, comme tout le monde l’espère, sinon dans la paix, du moins dans la tranquillité – où nous aurons un recul suffisant pour parler ensemble de la destinée commune et si douloureuse des peuples israélien et palestinien. On en reviendra à ce moment-là à un cinéma plus politique, plus critique et plus percutant. Maïmonide a écrit que c’est en passant d’un extrême à l’autre qu’on trouve le juste-milieu, l’harmonie, l’équilibre, le consentement. Le juste-milieu, c’est en l’occurrence un pays qui permettra à son cinéma de décrire les réalités. » Merci Maurice Lugassy d’avoir accepté mon invitation. Je le rappelle, le Printemps du cinéma israélien démarre lundi 9 mai et jusqu’au 24 sur Toulouse et alentours. Pour retrouver le programme, c’est sur le site de l’association : www.hebraica-toulouse.com. 


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.

Plus d’infos :
www.hebraica-toulouse.com