Avec Camille Thomas
On la sirote en été, plutôt sur la fin de journée, dans un verre à pied pour les puristes, la mousse qui dentelle les rebords du verre et servie si fraîche que les doigts en attaquant le verre, laissent leur empreinte sur la pellicule de condensation. On la déniche dans une cave, aux sonorités anglo-saxonnes, en canette ou en bouteille, en ne comptant plus ces euros à l’addition des degrés. On la garde au frais dans le lit d’une rivière, en attendant que les braises du barbecue se fassent sur la plage de galets et on la décapsule originalement au briquet et dangereusement avec les dents. On la convoite après une journée harassante et on la partage volontiers entre amis sur une terrasse entamée par les bruits des bouchons, en épiant les qui préfère rentrer directement après le travail, quand on préfère soi, s’entamer le foie avant d’entamer un chant basque en rentrant à 2 heures du matin. On la savoure également – son mordant, son amertume, son arrogance ou sa réserve. On apprend à l’apprécier depuis sa première, coupée au sirop à quinze ans, à celle brassée artisanalement par un passionné de houblons.
Évidemment et vous l’aurez compris, je parle bien de la bière et au risque de trop lui faire de publicité, je rappelle d’ores et déjà que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ! Ceci étant dit, j’ai le plaisir d’accueillir un fin connaisseur, il s’appelle Camille Thomas et il tient la brasserie Ticat à Launaguet ! Bonjour Camille.
Chèr.es auditeurices, la bouche encore torréfiée par le café ou baignée par l’agrume, je vous demande – Connaissez-vous Ninkasi ? La déesse Ninkasi, si je lui rends les honneurs ! Non ? Et bien, toi qui écumes les pubs le jeudi soir en gazouillant ton amour pour la boisson, sache que tu ne fus pas le premier – loin de là. Ninkasi est la déesse sumérienne de la bière – son nom signifie littéralement “la dame qui remplit la bouche” et en 1800 avant Jésus-Christ, les habitants de l’ancienne Mésopotamie écrivent une hymne en son honneur – l’hymne à Ninkasi qui n’est rien moins qu’une hymne à la bière. Cette hymne est composée de deux chansons, la première décrivant étape par étape le processus de brassage de la boisson – véritable recette que des brasseurs américains ont tenté de reproduire à la lettre ! – et la deuxième décrivant les récipients dans lesquels est brassée et puis servie la bière. Afin de terminer cette émission, je vais vous en dicter les derniers vers – sans doute fort mal traduit, mais l’intention compte !
C’est vous qui déversez la bière filtrée dans la cuve de collecte ;
Cela ressemble au torrent que forment le Tigre et l’Euphrate.
Ninkasi, c’est vous qui déversez la bière filtrée dans la cuve de collecte ;
Cela ressemble au torrent que forment le Tigre et l’Euphrate.
– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.
Plus d’infos :
www.ticat.fr/