Avec Rosemary Standley et Seb Martel

On parle souvent de l’histoire comme d’un fleuve qu’on tacherait de remonter jusqu’à la source – et tout fleuve peut-être remonté et chaque histoire porte en elle, palpitation intime et chaude, la mémoire de sa source. Dans les contemplations, Victor Hugo écrit d’ailleurs :
“Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route ;
Que, de l’astre au ciron, l’immensité écoute ;
Que tout a conscience en la création.”

Alors qu’il s’agit de l’histoire familiale, de l’histoire d’un mouvement de lutte sociale, mais également de l’histoire d’une musique – l’invitation reste la même, prégnante, tenace : retracer les généalogies silencieuses.
Aujourd’hui, c’est une Midinale un peu particulière, puisque j’ai l’immense honneur d’accueillir une artiste qui m’a suivie épisodiquement depuis plusieurs années – Rosemary Standley, bonjour.

Vous êtes chanteuse et musicienne et donc, puisque c’est l’axe programmatique de cette émission, si je me risque à remonter le fleuve – et bien, je vous découvre au début des années 2000, comme beaucoup de ma génération, via Moriarty. Et comme tous les adolescents boutonneux de mon âge, je joue Jimmy à la guitare sans comprendre les trois-quarts des paroles que je chante. Puis en 2010, mon père m’emmène au Printemps de Bourges et je vous vois sur scène sur le projet full féminin “Les Françoises”. Quelques années plus tard, on m’offre l’album “Fugitives”, et longtemps, je garde le poster de l’album affiché dans mon appartement étudiant, fasciné par la gueule des bandits dessus. Aujourd’hui, nous sommes en 2022 et vous êtes à deux mètres de moi dans le studio de Campus FM. C’est un plaisir, vraiment. Avec vous Seb Martel, déjà venu dans La Midinale aux côtés du violoncelliste Vincent Segal et toujours dans le cadre des Enquêtes musicales du Métronum. Bonjour Seb Martel.


La question des origines hante chacun et chacune d’entre nous – elle est bien sûr, hautement politique en ce sens que la petite histoire croise toujours la grande histoire et que la grande histoire nous parvient souvent sous la forme d’un récit univoque. On le sait, l’histoire des livres d’histoires n’est qu’une version de l’histoire ; elle nous apprend surtout qu’il y a des récits qui méritent d’être narrés et d’autres non ; des vies qui méritent d’être vécues et d’autres non. A contrario, à contre-courant, oserais-je dire, Rosemary Standley n’hésite pas à regarder du côté du limon et de la soue, les vies anecdotiques que charrie le grand fleuve Histoire. “Chanson, d’où viens-tu ?” C’est la sixième enquête musicale du Métronum et c’est ce soir à 20.00 avec Seb Martel à vos côtés. Merci à tous les deux pour votre présence dans le studio. 


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.