Avec Jean-Paul Bibé

Samuel Shepard Rogers the Third ou plus communément et plus courtement Sam Shepard, né à Fort Sheridan en 1943 et décédé en 2017 des suites de la maladie de Charcot, n’aura pas laissé le paysage littéraire américain indifférent. Et littéraire, c’est peu dire, puisque si sa plume fut de nombreuses fois saluée, il ne se limita pas à la dramaturgie ou l’écriture de roman mais fut également musicien, scénariste, réalisateur ou même acteur comme en témoigne sa prestation dans l’Etoffe d’un Héros ou il incarne Chuck Yeager un aviateur américain. Rôle qui fait drôlement écho à sa propre vie si on s’en réfère au passé de son père, ancien pilote de bombardier durant la Seconde Guerre mondiale, devenu fermier et surtout alcoolique invétéré. L’adolescence de Sam Shepard, dans une région rurale de cette Amérique profonde qui fait moins rêver que la démesure de ces tours urbaines, aura inspiré à sa prose cette poésie sombre à la périphérie des grands ensembles – dans l’espace liminal de la marge où vide et paysage se côtoient. La plume de Sam Shepard n’a pas fini d’infuser dans les cœurs et son œuvre de passer de main en main pendant encore de nombreuses générations. Cet amour pour son corpus, on le retrouve par exemple dans le travail de la compagnie Saguaro qui met à l’honneur, parmi d’autres, ce grand écrivain étasunien du XXIe siècle en lui accordant une trilogie. À l’initiative de ce projet, le comédien et metteur en scène Jean-Paul Bibé, que j’ai le plaisir de recevoir ce midi sur Campus FM. Bonjour.


De “Fool for Love” à “Spy of the First Person”, il y a plus de trente ans d’écriture à chuinter dans les pages et réveiller ses fantômes, plus de trente de vie pour habiter son enfance et dialogue avec ses zones d’ombre, pour tricoter des passions et détricoter des angoisses, pour être plein d’amour ou se faire espion de sa propre vie. Sam Shepard laisse une œuvre conséquente derrière lui et surtout, laisse des oreilles attentives et des bouches avides de prolonger ses mots sous la lumière tamisée et sur les planches de théâtre. Jean-Paul Bibé se porte garant de cette démarche envers son œuvre. La trilogie est enfin complète avec la dernière création de la compagnie Saguaro : “Fool for Love”, dernière création, mais premier volet de la vie de Shepard. Une pièce à retrouver sur scène au théâtre du Grand Rond jusqu’à samedi. Et un cycle qui se poursuit jusqu’au 1er avril avec la programmation de “La vie, c’est ce qui vous arrive pendant que vous rêviez d’autre chose“ et “Spy of the First Personne”. Toutes les infos sont à retrouver sur le site du Grand Rond ou sur le site de la compagnie saguaro-compagnie.fr. Merci Jean-Paul Bibé pour votre venue dans La Midinale. 


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.

Plus d’infos :
www.grand-rond.org/