Avec Sarah Denard, Mame Fatou & Maëlle

De la draisienne de 1817 au vélo actuel, il y a deux siècles de perfectionnement techniques et d’évolutions des mœurs sociales. Notons néanmoins qu’en 1870, le grand bi aussi appelé Ordinary, ce vélo qui reste gravé dans une sorte d’imaginaire collectif quasi-fantasmagorique avec une roue avant démesurément grande en comparaison à la roue arrière, n’était encore réservé qu’à une élite bourgeoise du fait de son coût élevé. Il faut attendre l’industrialisation du vélo, sur un modèle bien plus similaire au nôtre, commercialisé par les usines Peugeot entre autres, pour considérer sa démocratisation et son accessibilité aux classes ouvrières. On parlera dès lors dans les années 90 d’une folie de la bicyclette ! Ce qui est évident, c’est que l’évolution du vélo est familière des changements sociaux et des catégories de classes et de genre. À chaque époque, on pourra se demander – qui faisait du vélo ou à qui le vélo était destiné ? Ou quelle fonction remplit le vélo ? Est-il anodin aujourd’hui sur des ateliers dispensés pour apprendre à pédaler, qu’une grande majorité des destinataires soient des personnes assignées femmes ? Et ne doit-on pas également se demander : quel est le besoin, la nécessité derrière l’apprentissage du vélo ?
Nos deux réalisatrices de Fil Rouge se sont posé la question et après avoir suivi un groupe de femme sur leur semaine d’apprentissage théorique et pratique du vélo, le film “La roue libre” est né. Avec moi, dans le studio, pour en parler Sarah Denard, Mame Fatou et Maëlle de la maison du vélo. Trois points de vue différents sur cette expérience. Bonjour.


La roue libre n’est autorisée sur le Tour de France qu’en 1912 alors qu’elle avait déjà été brevetée en 1869 par un Américain. On jugeait le mécanisme superflu. Comme quoi – certaines innovations doivent s’imposer patiemment. Pourtant, l’idée est belle : poursuivre son élan tout en arrêtant de pédaler. Constater le fruit de son labeur et profiter du résultat. N’est-ce pas exactement le sentiment de satisfaction qui découle de tout effort ? Après une semaine acharnée pour apprendre à tenir en équilibre sur ce deux-roues incertain et appuyer sur les pédales pour grappiller quelques mètres de terrain tout en maintenant le guidon droit, réussir enfin à parcourir plusieurs kilomètres le long du canal du midi – si ça ce n’est pas un achèvement. Merci Sarah Denard, Merci Marion Valadier d’être venues dans La Midinale.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.

Plus d’infos :
www.filrougedoc.com