Avec Pepa Guerriero

Animal à ramure, ce cervidé de la taïga québécoise s’il n’en a pas l’allure à quelques dispositions anthropomorphiques – en effet, il possède une passion chronophage : le cinéma ! Ce cinéphile cinévore risque parfois dans une orgie festivalesque l’hyperphagie cinématographique, sa libido visuelle n’ayant d’égal que la dimension de ses bois. Son grand dada, c’est le court, le petit format mais attention, ne nous y méprenons pas, à l’image du petit fours, ça n’a l’air de rien mais gare à la surcharge cognitive, le court métrage peut, hypnotique, zombifier vos pupilles – de films en films, vous happer jusqu’au cœur de la nuit. Nous parlons bien des Vidéophages, ces dévoreurs et dévoreuses d’images. En activité depuis 1996, montée en association depuis 2001, Les vidéophages, ces artisans de la diffusion ne manquent pas de créativité pour ce qui est de mettre le court métrage à l’honneur et par la même occasion générer une synergie dans les quartiers qu’iels investissent. Leur activité est bien plurielle, à l’image des bois sur la tête du cervidé qui leur sert de logo et on va s’attarder sur les différents formats de diffusions mis en place depuis plus de 20 ans. Pour ce faire, j’ai le plaisir d’accueillir Pepa Guerriero qui s’occupe de la production, communication et programmation au sein de l’asso.


Comment ? Quoi ? Qui a dit que le cinéma n’existait que dans les salles de cinéma ? Qui a dit que le cinéma était mort ? Qui a dit que le cinéma n’appartenait qu’aux élites ? Qui a dit que le cinéma n’était qu’institutionnel ? Qui a dit que le cinéma ne valait que dans son format long ? Qui a dit que le court-métrage, au mieux, n’est qu’une friandise ? Qui a dit que le cinéma est statique ? Les vidéophages – corrigeons ces dévoreurs d’images par ces amoureux et amoureuses de l’image – œuvre depuis 1996 afin de diversifier les supports de diffusions, sortir le cinéma des salles, des institutions, des villes, rendre accessible, démocratiser, sensibiliser, réenchanter l’appréhension des œuvres filmiques, programmer et propager la fièvre du format court et continuer de faire rêver dans les chaumières, les transports en commun, les parcs et les rues. Merci Pepa Guerriero d’avoir accepté mon invitation.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.