Avec Maud Calvès

On l’imagine avec une paire de lunettes qui lui tombe sur l’aile du nez, plongé.e dans un quotidien pour mesurer la concurrence, assis ou assise sur un fauteuil de cuir brun et tanné, une cigarette électronique dans une main pour plus de modernité, un col roulé, attablé.e devant un bureau à débord d’articles et de livres cornés. Ça, c’est la version intello. Puis, il y a la version plus aventureuse qui préfère le style quechua à la mode casual bobo. Dans tous les cas, on imagine le ou la journaliste comme quelqu’un de passionné, altruiste, si ce n’est philanthrope, avec un goût pour la justice, même si la notion est surannée, de type balance pour ce qui est du signe astro, désireux ou désireuse de mettre en lumière les zones d’ombres médiatiques, les torchons sales des politiques, avec un gout pour le débat et pourtant une humilité dans l’échange.

Vous êtes bien sur Campus FM et vous écoutez La Midinale et je vous entends d’ici dire : mais quel portrait biaisé ! Oui, je suis quelque peu d’accord avec vous. D’ailleurs, le journalisme, aujourd’hui, n’est plus l’apanage d’une catégorie de gentes, mais d’une multitude de profils pour une multitude de supports.

Et pour écumer le sujet, j’ai le plaisir d’accueillir Maud Calvès, journaliste indépendante.


Que l’on écrive de la fiction, que l’on écrive un reportage, que l’on soit auteurice ou journaliste, l’époque nous pousse à nous questionner sur notre place de narrateurices, à regarder nos privilèges, à regarder nos militances et à cesser, une bonne fois pour toutes, d’entretenir des discours patriarcaux, objectiviste, à se démettre de ses convictions dans son travail comme si un bon ou une bonne journaliste était finalement une enveloppe vide, désensibilisé, désincarné. Il est donc grand temps de revendiquer un journalisme situé, qui se positionne, un journalisme incarné, humain et critique.

Merci à Maud Calvès d’avoir accepté de se joindre à nous dans le studio.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.