Avec Samuel Mathieu

À part Billie Eliott, Flashdance et Black Swan, à part le documentaire de Wenders sur Pina Baush et celui plus récent Les Indes galantes de Philippe Béziat à l’opéra de Paris, à part les vidéos youtube de battle de breakdance ou celles de Fred Astaire et Ginger Rogers et le livre pour apprendre à faire des claquettes offert par ma tante lors d’un Noël daté, à part les boums années 80 et les soirées où l’on fait la fermeture du bar avec les danseurs et danseuses du Scapino Ballet de Rotterdam venu joué les fêtes vénitiennes à l’opéra du Capitole – la danse et moi ça fait deux. Et pourtant, fascination sans borne pour le corps qui danse, avance, mute, transgresse, cherche, interroge, matérialise, dénoue, tisse. bref, fascination sans borne pour la poéticité du geste. Il y a quelque chose dans la danse qui dit – ce n’est pas anodin un corps, ce n’est pas anodin un mouvement – être un corps en mouvement ce n’est pas anodin ! Peut-être plus encore dans la danse contemporaine, celle-là même qui en plus d’interroger tout ça, interroge sa propre pratique. 


Peut-être que le truc avec la danse contemporaine, c’est qu’elle n’est jamais là où on la soupçonnerait d’être ; puisqu’elle est partout, hybride et mobile. Elle avance à la vitesse du monde, se mélange aux autres formes d’expression, expérimente constamment. Mettre des mots dessus pour essayer d’en capturer l’essence, ça reviendrait à tenter d’attraper une mouche au vol – c’est vain et ça nous renvoie à la vanité de nos réflexes d’emprisonnement. Et puis, l’autre truc avec la danse, contemporaine, c’est qu’elle n’a de premier accès que celui des sens – ce qu’il faudrait avant tout, c’est laver ses yeux, ses oreilles et aller au spectacle comme on va la nuit aux rêves – sans attentes et disponibles, vulnérables.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.