Avec Marcos Riescos & Florian Debras


Imaginez. Un lâcher de bombes comme un bouquet d’artifices. Mais ces bombes-là ne signent aucune guerre, aucune mort ; au contraire, elles portent la vie, puisqu’elles contiennent des graines de végétaux sylvestres. Autre spécificité de ces bombes, c’est que depuis leur lancement jusqu’à leur atterrissage incertain, elles vont voyager longtemps, on peut même dire qu’elles vont voyager à travers le temps, à travers l’espace, pour atterrir ou non à des centaines d’années-lumières de chez nous, sur une exoplanète, peut-être, enfin, on espère, on croise les doigts ! Imaginez. Une exoplanète peuplée d’arbres, de fougères, une forêt dense, humide qui bruisse et se développe, travaille à la purification de l’air, produit de l’oxygène, développe des formes de vie.

Ça ressemble à un récit de science-fiction et pourtant, E.T. n’a qu’à bien se tenir, bienvenue dans le 21e siècle où l’on conçoit des missions pour étudier la viabilité atmosphérique d’exoplanètes, où le vieux rêve de coloniser l’espace se précise.

Dans La Midinale, je reçois Marcos Riescos, réalisateur et Florian Debras, chercheur en exoplanète au CNRS. On va parler, entre autres, d’une installation vidéo que l’on peut retrouver au centre culturel Bellegarde jusqu’au 6 décembre et qui s’intitule Ngen Mawida – l’esprit des forêts dans la mythologie Mapuche. Une installation, je le précise, qui existe dans le cadre de l’événement “Respirez !” impulsée par les centres culturels de Toulouse.


Et si. Finalement la science, c’est d’abord et avant tout une grande histoire de spéculation. Un tressage de récits qui débute sur une hypothèse. Faut-il pour autant tout tenter au risque de se croire invincible, impitoyablement suréquipée par les technologies de pointes. Est-ce que l’humanité marchera un jour sur une exoplanète comme elle a un jour marché sur Mars, mais cette fois-ci pour s’y installer. Est-ce seulement éthique de chercher une remplaçante à la Terre, après l’avoir épuisé. Est-ce que ce n’est pas croire qu’on peut dominer les règles du jeu. Ce sentiment grisant qu’il n’existe finalement pour l’Homme aucune barrière puisque même l’espace, cet immense, cet inconnu, il le conquière au fur et à mesure, envoie ses satellites, ses sondes, ses hommes. Vaniteux, le mortel rêve de transcender sa condition. De créer une nouvelle cosmogonie à l’image de Dieu.

Vous êtes sur Campus FM, levez les yeux, quelque part dans l’univers se trouve peut-être la future maison de l’homme – avec un grand H. Vous venez d’écouter La Midinale, merci Marcos Riesco, merci Florian Debras de vous être joints à nous dans ce studio.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.