L’album my Xperience marque un tournant dans l’histoire de la musique populaire mondiale : le single Hip-hopéra et l’album se place aux USA au trop 30 des Charts R&B avant d’être bombardé meilleur album de l’année. Sur ce double LP, on retrouve des rappeurs de renoms tels que les FUGEES, RAEKWON, BUSTA RYTMES et JERU THE DAMAJA ainsi que des vétérans de la scène reggae comme BARRINGTON LEVY et DENIS BROWN. Le matériel accumulé est sans équivalent. D’une part les producteurs de l’île sont en passe de rivaliser avec les meilleures productions nord américaines, mais en plus les artistes qu’ils enregistrent (au 1er plan desquels Bounty Killer) n’ont jamais été aussi en phase avec la réalité vécue par des millions d’être humains. Avant les années 90’s, aucune major n’aurait misé un copek sur une diffusion grand public d’un jeune artiste jamaïcain. Mais les temps changent et une histoire du hip-hop se termine avec son lot de jeune artiste mort trop jeune ou incarcérés dans les prisons villes des USA. La loi du marché (promotion/diffusion à tout prix) a fait son œuvre de formatage et il devient dur de trouver de jeune talents afro-américain prêt à vendre leur âme pour un tube. Aussi, les artistes jamaïcains sont les mieux placés (à la périphérie) pour postuler au rang des porte voix des miséreux de la globalisation, et peu importe si les relents xénophobes et homophobes ressurgissent ça et là sur certains textes puisque l’essentiel est de vendre le plus vite possible et au plus grand nombre avant que la source ne tarisse. Après Bounty Killer le paysage sonore se modifie pour toujours. Bien qu’il soit d’abord un acteur malgré lui de cette globalisation de la musique populaire, il représente un travail entamé par ses pairs, 3 générations auparavant. Un travail de reconnaissance international d’une identité unique, porté à travers le monde par environ 6 millions de citoyens jamaïcains.
Jean Bernard Bassach, juillet 2005.

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