freddie-gibbs-madlib-pinata_1           Voila qu’après 14 ans d’absence celui qu’on croyait noyé sous la boisson et les substances illicites revient tel le messie noir que l’on attendait plus. Il est vrai qu’après une timide réapparition sur le devant de la scène en 2011 et les annonces fébriles d’un manager inquiet on ne savait plus à quel saint se vouer. Mais voila, le destin fait parfois bien les choses, et alors que les rumeurs allaient bon train, l’annonce tombe, et ce troisième album arrive prématurément avec dix jours d’avance, le 15 décembre 2014.

Parallèle douteux mis à part, notre ange Gabriel de service n’est pas venu seul cramer les feux de la rampe. En effet la section rythmique fait à elle seule saliver d’avance et compte parmi ses rangs la crème de la crème du genre. John Blackwell, Pino Palladino, Jesse Johnson ou encore Cleo « Pookie » Sample s’attellent à faire groover les 12 titres du nouvel opus. Pour ne rien ajouter on notera les participations de Q-Tip et Questlove à l’affaire qui font de cette messe noire une œuvre tout sauf hérétique…

Alors après un tel déluge de noms prestigieux, il ne fait plus aucun doute sur la qualité intrinsèque du disque, et le camaïeu de couleurs musicales découle d’autant de toutes ces signatures. Soul, R&B, Funk ou encore Rock, la mixité est ici de rigueur et s’entremêle avec panache. Définitivement plus mystique que son prédécesseur D’Angelo fait évoluer la formule et sans rompre totalement avec le passé réactualise sa copie d’une bien belle manière. Mention spéciale aux arrangements magnifiques où les guitares lourdement grattées sont splendidement contrebalancées par des claviers rugueux et des chœurs chaleureux. Les textes ne sont pas en reste et témoignent notamment des récents incidents et tensions raciales, Ferguson en tête.

Au final, ce troisième album aura pris son temps mais impossible ici de bouder son plaisir. D’Angelo s’élève pour ne jamais retomber tout en revendiquant son droit de parole de citoyen noir américain. Rien à jeter et tout à prendre…

Joël Roblochon***