Enregistrer un album solo au piano est un exercice difficile. Ray Lema commença son apprentissage musical par la musique classique. Il découvre plus tard, en 1974, les richesses des musiques africaines traditionnelles lors de sa nomination à la tête du Ballet National du Zaïre. Après de nombreux voyages et diverses collaborations avec des artistes internationaux, il s’attache désormais à présenter une facette très personnelle de sa musique où se mêlent toutes ses influences et expériences passées. A l’écoute de Mizila, du nom de sa défunte mère, on ressent immédiatement la sincérité dans la démarche du congolais. Les mélodies sont épurées, sobres et efficaces. L’influence africaine se manifeste par cette façon si caractéristique de mélanger aspects percussifs et douceur dans le jeu de piano. Il compose ici neuf des dix titres de l’album et s’emploie à raconter de véritables histoires en s’efforçant d’écarter toutes futilités dans le discours. Des titres comme Virunga, pièce maîtresse de l’album, ou encore Souira amènent de rares émotions. Les notes du pianiste semblent voler au dessus de nos têtes et, à la manière d’un nourrisson sur sa boite à musique, l’attention de l’auditeur se focalise alors instantanément sur ces entêtantes mais délicieuses mélodies. Ray Lema conforte ainsi son statut d’homme de goût et d’élégance et continue, à bientôt soixante ans, de susciter la curiosité quant à ses futurs projets.

Thomas Delafosse, novembre 2004.