Avec Les Divaskets

Et si ce n’était pas Pandore qu’il faille acculer de curiosité en ouvrant la jarre qui contient les pires maux de l‘humanité, mais qu’il faille plutôt accuser les dieux qui posent des cadeaux empoisonnés dans les mains des humaines et fabriquent leurs corps à leur guise pour y enfermer des vices et des maladresse aux côtés d’une beauté inouïe ? Et si Médée est coupable du meurtre de ces enfants, n’est-elle pas d’abord victime de sa fidélité envers un homme ingrat et une société qui donne l’héroïsme aux hommes et la subordination, le sacrifice et le crime ignominieux aux femmes ? Et que dire d’Ariane qui remet son ingéniosité au service d’un énième bellâtre dépourvu d’intelligence et de gratitude et qui finira par l’abandonner, laissant sa promesse de l’épouser pourrir comme un fruit sur sa branche estivale ? Doit-on encore avancer le récit de Cassandre punit par Apollon pour n’avoir pas voulu lui céder son corps alors qu’il tentait de la courtiser en achetant sa vertu ? Les femmes de la mythologie grecque sont fortes, intelligentes, agiles de leurs mains, coriaces, animées par des passions feues et une droiture impeccable, aimante et rebelle, téméraire et audacieuse, maline et inventive. Pourquoi leurs qualités doivent-elles être mises au service des hommes, dont toute la vertu est contenue seulement dans les muscles, la fierté et la soif belliqueuse ? On vous pose la question et sans nul doute que nos invitées se la sont posée. Bonjour Amandine Bontemps, Coline Lemarchand, Gabriela Mercado & Camille Suffran.

Vous êtes les Divaskets, un quatuor vocal a capella qui fait rougir les masculinités toxiques de la mythologie grecque. Vous vous rencontrez lors de votre cursus en musicologie à l’université du Mirail et c’est un coup de foudre artistique et amical. En 2016, votre quatuor voit le jour à l’issue d’une performance dans le cadre du festival “Passe ton Bach d’abord ” organisé par l’ensemble baroque de Toulouse.


Jamais de robe sans baskets, jamais de punch sans line, jamais de lyrisme sans humour, jamais de voix sans corps, jamais de Jean-Sébastien Bach sans France Galle, jamais plus de mythologie sans féminisme et de féminisme sans chant, mais du chant sans instrument oui et des voix sans ciller, des revendications sans sourciller. Elles s’appellent Amandine Bontemps, Coline Lemarchand, Gabriela Mercado et Camille Suffran et ce sont des divas en baskets – une audacieuse force et un audacieux mélange des genres qui prennent les planches, ouvrent la voix et débouchent les oreilles. Prochaine date le 22 avril 2022 au théâtre Jules Julien, vous jouerez votre spectacle “Les femmes & la mythologie n’ont pas bonne presse.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.