Le 15 septembre 1963, à Birmingham, Alabama, un attentat à la bombe orchestré par le ku klux clan cause la mort de 4 petites filles noires dans une église baptiste. Toujours en 1963, un rassemblement non-violent est lancé par Martin Luther King dans cette même ville du sud des États-Unis. A la suite de cet évènement 2 500 manifestants sont jetés en prison. Au bout de 10 jours les autorités les libèrent. Ce fut une des plus grandes victoires du mouvement des droits civiques.
Celui-ci eu un impact majeur sur le jazz. Preuve en est que cette même année les évènements de Birmingham poussent John Coltrane à écrire et enregistrer Alabama, morceau dream-team puisque sur ce titre, le saxophoniste est accompagné de McCoy Tyner au piano, Jimmy Garisson à la contrebasse, et Elvin Jones à la batterie. De plus la production est signée par le fameux Bob Thiele, et l’ingénieur aux manettes n’est autre que Rudy Van Gelder (ingénieur du son sur pléthore de grands albums jazz)
En 1964, John Coltrane se produit à 8 reprises pour des concerts de soutiens à Martin Luther King. Même si le saxophoniste ne s’est jamais décris comme un activiste politique, il était un humaniste engagé. Alabama est donc un morceau qui traverse une palette de sentiments assez forts, la désolation, l’amertume, l’espoir, la rage mais toujours une certaine tension parfaitement soutenue par le jeu de chacun des musiciens. Ici la musique ne se noie pas dans l’esthétisme. La perfection avec laquelle elle est agencée, permet de donner encore plus de force aux émotions qui s’en dégagent. Intemporel! www.johncoltrane.com

Hugues Marly, mars 2008.