ghostfacebbng             Toujours adepte de l’émancipation à outrance, GhostFace n’en finit plus de s’entourer bon grès mal grès, multipliant les collaborations en tout genre depuis un petit moment il faut le dire. Il est vrai qu’après le très bon Twelve Reasons to Die produit par Adrien Younge il y a à peine deux ans et un 36 Seasons aux arrières goûts de déjà vu où l’on retrouvait cette fois The Revelations aux manettes, Ghost a de l’énergie à revendre et ce n’est pas pour nous déplaire. Connectant cette fois avec la formation jazz tout terrain BadBadNotGood, l’association à de quoi donner l’eau à la bouche. Grouillant d’influences multiples le trio canadien a prouvé en à peine deux mixtapes et un album toute la force et la vélocité de leur musique. Aucune surprise donc de les voir s’assoir à la même table que notre expatrié du Wu pour un des disques les plus attendus de ce début d’année 2015.

Concept album à part entière ce Sour Soul attise et suscite l’intérêt autant qu’il interroge sur son contenu. Débutant tranquillement avec le titre « MONO », sorte d’introduction instrumentale, tout bascule très vite vers le titre éponyme balançant ses ambiances sombres et fumeuses comme un mauvais soir de pleine lune. De là notre bon vieux Tony sort de l’ombre pour se jeter sur le microphone tel Albert De Salvo sur ses proies sans défense. Malheureusement la prestation et loin d’être impeccable. GhostFace nous sort ses plus mauvais couplets depuis Bulletproof Wallets… Bien évidemment la hargne et le flow caractéristique du emcee sont toujours présents mais la consistance et ici bien faible et peine à contenir l’hémorragie. Les thématiques semblaient déjà essoufflées sur le disque précédent et Sour Soul enfonce un peu plus le couteau dans la plaie. Dommage car le travail fourni par les gamins de Toronto est quant à lui irréprochable. Arrangements immersifs, clin d’œil furtif aux productions et sonorités de RZA, le tout compacté par une section rythmique à toutes épreuves. On ne peut qu’applaudir la prestation et on entrevoit déjà les versions instrumentales de l’album dégouliner sur les plateformes musicales prévues à cet effet. On sauvera également les bons couplets des invités du projet avec une mention spéciale à celui d’Elzhi, impeccable du début à la fin.

Au final sentiment mitigé quand à ce Sour Soul. Loin d’être décevant il est tout de même loin de la perfection. L’équilibre est ici mis à rude épreuve et les phases rappées ne sont pas forcement misent à leur juste valeur… Ces dernières loin d’être qualitatives ne créent pas non plus la dynamique tant espérée … On tentera d’oublier ce mauvais passage en se concentrant sur la mise à jour de Supreme Clientele prévu pour cette fin d’année 2015. Une chose est sûre notre super héro bedonnant n’a pas fini de nous surprendre…

Joël Roblochon***

Chronique entendue dans Entrée, Plat, Dessert