Daté de 1971, ce disque d’Alice Coltrane, s’ouvre sur My favorite things, un titre ayant fait le tour de la planète par l’interprétation de son défunt mari John. Orgue, violon, harpe, sitar, cet étrange magma de sonorités mystiques pourrait dans un autre contexte paraître farfelu, dans le meilleur des cas exotiques… mais la dame a été à bonne école et chez les Coltrane, on ne faisait pas de la musique pour amuser la galerie. Car, si on est en droit d’être légèrement agacé par la présence des arrangements de cordes, on ne peut ignorer le cataclysme que constitue l’écoute de la version de A love supreme du disque. Avec en ouverture un long monologue de Swami Satchinanda, le gourou qui fit découvrir l’Inde à Alice, le résultat est époustouflant. Combien de formations actuelles d’une pseudo scène jazz/electro rêveraient d’atteindre un tel sommet dans l’alchimie des sonorités dissonantes, saturées, des rythmiques nonchalantes… ?! On constate d’ailleurs que l’influence de ce genre de disque se retrouve d’avantage dans les sphères affiliées à l’electro et au hip-hop que chez les jeunes générations de jazzman. Et si aujourd’hui des producteurs tel que Madlib parviennent aux résultats que l’on connaît, nul doute que World Galaxy doit figurer parmi les disques les plus influents de leurs collections.

Thomas Delafosse, février 2007.