atkinson           Que ce soit en tant qu’artiste peintre, écrivaine ou encore musicienne, Félicia Atkinson ne cesse de s’interroger sur son environnement. Explorant toujours de nouveaux concepts, notre bruxelloise expatriée dans les alpes françaises nous revient avec un travail plus dense mais aussi plus intime que jamais, nous rappelant au passage les sombres heures de son alter ego maléfique Je Suis Le Petit Chevalier.

Avec ce « A Readymade Ceremony », Félicia étonne et surprend. Beaucoup plus organique qu’à l’accoutumée, son travail en devient presque tactile tant celui-ci fourmille de couche délicates. Ce mille-feuilles sonore justement s’intensifie et s’obscurcit à mesure des minutes et des écoutes. La voix décidément plus présente mais aussi la multitude de samples et autres effusions bruitistes sont si détaillés qu’ils apparaissent comme aux travers d’une lentille microscopique. Loin d’être suffoquant, la mixture progresse assez aisément loin du marasme drone habituel et amène une sensation de sérénité extralucide, d’espace, de fraîcheur. Exemple frappant avec le titre « l’œil » où Atkinson nous susurre pendant 10 bonnes minutes dans le creux de l’oreille une nouvelle de Georges Bataille. Tout cela résonne en nous comme jamais, créant un lien imperceptible entre la piste musicale et notre subconscient. Une connexion rendue possible notamment grâce au fait que notre artiste multimédia s’est davantage recentrée sur ces formats et contenus. Cette alchimie délicate s’étant sur l’ensemble de l’album, rendant également la compréhension générale plus aisée que sur ses précédents travaux à l’exception peut être de « Lalala » sortie en 2008…

Au final, cette nouvelle création, même si elle trouve parfois ses limites, possède ses moments de beauté subtile et luminescents. Un voyage non sans difficulté mais qui une fois appréhendé saura livrer tout son potentiel.

Joël Roblochon***

Chronique écrite pour Entrée, Plat Dessert

Felicia Atkinson « A Readymade Ceremony » (SP055) — Trailer from Shelter Press on Vimeo.