deafheaven
La formation californienne la plus haïe des magazines spécialisés revient avec un troisième long effort qui comme ses prédécesseurs ne manquera pas de faire débat. Il est vrai qu’après deux premiers opus controversés mêlant habilement univers post rock et éléments noirâtres nordiques la formule avait eu du mal à passer auprès des puristes du genre. Mais peu importe, notre quintette continu de tracer sa route loin des remontrances infondées et des considérations de secondes zones…
Version revue et corrigée ce troisième album est plus compressé et plus dense. Cinq titres et quarante-sept minutes plus tard le constat est sans appel. Deafheaven réussit à aller plus loin que « Sunbather » tant en terme d’approche que d’attaque. En effet ce troisième opus transcende la recette déjà existante et le tourbillon émotionnel toujours aussi présent virevolte cette fois sur des teintes bleuâtres, vertes ou encore mauves toujours en subtilité et contraste. Clarke quant à lui n’est pas en reste et cri avec toujours autant d’enthousiasme non dissimulé. Le bougre atteint cette fois des registres bien plus aigus d’où l’on distinguent ça et là quelques brides de mots apportant lui aussi sa pierre à cet édifice clair obscur. Ce dernier justement , massif et gigantesque se paye le luxe de proposer des titres dépassant le plus souvent la barre des neuf minutes sans jamais peiner ou tomber dans les travers de cet exercice périlleux. Ceci rendu possible notamment par des guitares étonnantes de relief tour à tour « trashis » ou lancinantes et une batterie toute aussi inspirée.
Alors même si « New Bermuda » propose quelques clins d’oeil et similitudes à leurs précédents travaux les comparaisons s’arrêtent là. Plus beau, plus coloré, plus varié et peut être plus accessible ce troisième album réussi un véritable tour de force n’en déplaise à certains.

Joël Roblochon***

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