La plus modette de nos égéries sixties enregistre en 1970 un album unique. Françoise Madeleine Hardy a 20 ans en 1964. La guerre d’Algérie viens de se terminer et l’explosion contestataire de 68 pointe son nez. Après un rapide succès, elle délaisse la scène pour se consacrer à sa carrière discographique. Répertoire mélodique emprunt de mélancolie, reflet de ses doutes. Interrogations et anxiété que suscitent en elle les tourments de ses relations sentimentales. A l’image de Gainsbourg – pour qui elle enregistre le fameux « Comment te dire adieu » – elle développe un talents d’écriture et de composition, peu courants chez les nouveaux interprètes de ce début des sixties. Françoise c’est aussi une apparence. Les minijupes, les boots blanches et le visage sous la frange des cheveux.
En 71 sort La Question, sans titre, enregistré aux studios CBE dans une atmosphère musicale rare. La guitariste brésilienne Tuca (Valeniza Zagni da Silva, 1944-1978), feu follet exilé en France est chargée des arrangements avec Raymond Donnez, créditée à la direction artistique. Francis Moze est à la guitare basse et Guy Pedersen à la contrebasse. Les cordes sont de Catherine Lara. L’ingénieur du son est Bernard Estardy secondé de Davout et René Ameline. Un disque bossa nova sensible. Osmose entre le phrasé pop de Françoise et des cordes fiévreuses. Rien d’étonnant à ce que Hardy évoque l’album comme celui qui l’a rendue la plus heureuse : « Il y a dans ce disque une atmosphère, une homogénéité entre la composition et la réalisation musicale. »
Au moment où l’on loue sans modération la chanson française intimiste, il est bon de puiser à la source. A l’été 2009, la chanteuse débutait son 26e album studio. www.francoise-hardy.com

Jean Bernard Bassach, octobre 2009.