charles-bradley headerA l’occasion de la sortie du nouvel album de Charles Bradley, « Changes », Campus FM sort de ses archives une entrevue inédite avec le soulman réalisée en Octobre 2011 lors d’un concert à La Dynamo. Au programme : racines Gospel, James Brown et quelques plats favoris.

Vous avez grandi dans le sud, avez-vous des souvenirs de cette époque liés à la musique ?

C.B : Une église à Gainesville en Floride. C’était là que ma mère et ma grand-mère se rendait.

Vous avez gardez cette spiritualité dans la façon dont vous chantez ou est-ce quelque chose qui est lié à votre mode de vie et qui est détaché de votre musique ?

C.B. : Je pense que c’est un mode de vie, la façon dont j’ai vécu, les épreuves que j’ai enduré, et tout ce qui faisait à l’époque que vous ne pouviez pas dire ce que vous ressentiez et que vous deviez gardé enfoui. C’est de là que vient l’amertume.

Quel genre de musique écoutiez-vous ?

C.B : En grandissant, puis au fil des années, c’était toujours Sam Cooke, James Brown, Otis Redding, B.B. King, Diana Ross, Barbra Streisand.

Donc ce n’était pas que la Soul music, vous étiez très réceptif à différents styles qui étaient diffusés à l’époque ?

C.B. : J’écoute ce qui me plaît, si j’aime quelque chose, je veux savoir quel est interprète mais il y a beaucoup de musique en rotation que j’écoute, je trouve ça bien mais ça ne me touche pas. Si ça ne me touche pas, je ne vais pas chercher à savoir quel est l’artiste. La raison pour laquelle j’aime la musique de Barbra Streisand, c’est parce que ça me renvoie à des souvenirs.

Vous avez repris « Heart Of Gold » de Neil Young, comment en êtes-vous venu à reprendre cette chanson ?

C.B : Ça correspond à ce que j’ai vécu, à mon expérience de vie, comme cette chanson que j’aime beaucoup, c’est vraiment l’histoire de ma vie, c’est « Take It To The Limit » de The Eagles (il se met à chanter le refrain).

Le fait d’avoir une carrière dans l’industrie de la musique, faire des tournées, rencontrer des gens, pensez-vous que méritiez d’avoir accès à tout ça plus tôt dans votre vie ?

C.B : Oui vraiment. Je pense que par le passé, j’étais vraiment qu’un numéro, le monde ne s’intéressait pas à moi mais ma mère et ma grand-mère m’ont toujours dit « Fils, peut importe comment les gens te traitent, reste sur le droit chemin et continue ta route, quand ils te maltraitent, pardonne leur » c’est difficile à faire mais si vous croyez en Dieu comme c’est mon cas, vous comprenez. Ce qui m’a fait vraiment croire en Dieu, ce sont toutes les expériences et les épreuves que j’ai enduré. Si j’étais devenu fou, je ne serais pas là en train de vous parlez. Je serais en prison, je serais mort en train de nourrir les vers. Mais témoigner l’amour de dieu et pardonnez aux gens, ça m’a permis de rester fort.

Quand vous aviez un travail alimentaire, avez-vous à un moment donné pensez à renoncer à une carrière musicale ?

C.B : Je ne pouvais pas. Si vous avez quelque chose en vous qui est sincère il faut rester en phase avec. Vous pouvez essayer de mettre ça de coté mais ça reviendra et quand ça reviendra, ça vous tourmentera encore plus. Chanter du James Brown toutes ces années, ça m’a permis de rester enthousiaste et ça m’a permis de tenir.

Comment vous êtes-vous senti quand il est décédé ?

C.B : J’étais en concert quand il est mort. Je suis rentré chez moi cette nuit là vers trois heures du matin, je suis allé me coucher, puis vers cinq heure du matin quelqu’un m’a appelé et m’a dit « Charles, allume la télé, ton ami vient juste de décéder », j’ai dis « Quel ami ? », il a dit « James Brown », j’ai répondu « Non, James Brown devait être en concert au BB King* le jour de Noël »…puis j’ai allumé la tv et j’ai vu, j’ai fondu en larmes.

Avez-vous était en contact avec lui à un moment donné ?

C.B : Je travaillais pour un établissement dans les années 90 à San Francisco, j’étais chef cuisinier. James Brown s’est produit sur scène dans ce lieu un jour et j’ai eu la chance de le rencontrer, je lui ai dis « James, mec, je me suis démené pour avoir une opportunité depuis longtemps, donne moi une chance », James m’a dit « Charles, je ne vais pas te laisser me voler la vedette mais si tu veux tenter ta chance, va à New-York, toutes les opportunités sont à New-York »

Comment est-ce pour vous de jouer avec une génération de musiciens plus jeunes ?

C.B : La jeune génération à envie de savoir d’où vient la vieille école, et ils ont la volonté d’appendre et ils apprennent vite mais la vraie Soul vient de la souffrance, des blessures, les épreuves que vous avez du endurer. Si vous voulez vraiment toucher de près la vraie Soul un peu rude, il faut aller dans les cités HLM, dans les ghettos, et chercher à rencontrer ces vieux messieurs et ces vieilles dames qui ont traversé beaucoup d’épreuves. C’est là que vous trouverez de la vraie musique avec des tripes.

Les trois chansons préférées de James Brown par Charles Bradley

« I Can’t Stand Myself (When You Touch Me) »

« There Was A Time »

« Please, Please, Please »

Les trois plats favoris de Charles Bradley : Ma mère adore que je lui cuisine des lasagnes. Des oranges pelées avec du bœuf « orange peel beef », j’ai cuisiné ça une fois pour le groupe. Sinon j’adore les fruits de mer.

* ndlr : salle de concert new-yorkaise

Entrevue réalisée par Trinidad (Toulouse Soul Club) et Dr Wax (Clarksdale) en Octobre 2011 à La Dynamo, Toulouse.